Allocution du Général de division B. JANVIER
Commandant la 6ème division légère blindée
Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Président du Conseil Général, Mon Général,
Madame le Consul Général des Etats-Unis,
Mesdames, Messieurs les représentants des autorités civiles, religieuses et militaires,
Mesdames, Messieurs,
Le 26 février 1991, la division DAGUET dont le cœur et une part essentielle sont constitués par la 6ème division légère blindée, achève la conquête de la bourgade d’AS SALMAN et de son aérodrome, en IRAK, objectifs essentiels pour la manœuvre de l’ensemble des forces coalisées; simultanément elle s’élance vers l’EUPHRATE, aux portes d’AS SAMAWA. Le 26 février, elle subit aussi les premières pertes humaines, 8 soldats américains et 2 parachutistes français tandis que 25 autres d’entre eux sont blessés.
La division DAGUET comprend au moment de son engagement offensif plus de 14000 hommes dont 4300 soldats américains. Ses structures se sont peu à peu amplifiées durant les cinq mois qui ont précédé l’assaut.
C’est, en effet, le 24 septembre 1990 que la 6ème division légère blindée embarque à TOULON aux ordres du Général MOUSCARDES dont je tiens à saluer ici la présence.
Dès son arrivée en ARABIE SAOUDITE, et selon sa vocation même de force de projection, elle se porte dans le secteur découvert mais stratégiquement essentiel de HAFAR AL BATIN en zone désertique. ARENAS, dénomination de cette première zone de déploiement rappelle à chacun la présence de NIMES.
Sans cesse sur la brèche, la division s’entraîne intensément, innovant dans ses méthodes de combat, démontrant une capacité opérationnelle exceptionnelle ; de la phase défensive « bouclier du désert » l’évolution s’opère peu à peu vers la préparation des actions offensives. Ses moyens sont élargis, sa puissance accrue. Intégrant elle-même des unités américaines, dont une brigade de la 82ème division aéroportée, elle est placée sous le contrôle opérationnel du Général LUCK, commandant le 18 CA, officier Général qui a tenu à rendre visite à la 6ème division légère blindée et à NIMES en 1992. Les liens tissés avec nos frères d’armes se doivent d’être soulignés et je suis sensible à la présence de Madame KORKY consul général des Etats-Unis à MARSEILLE.
La division s’élance à l’assaut le 24 février alors que dans le cadre d’actions préliminaires, le 2ème Régiment Etranger d’Infanterie s’est assuré le 23 février de la maîtrise des avant postes irakiens garantissant ainsi le débouché de nos forces et la voie du succès.
Un mois après, le 28 mars 1991, la population nîmoise et les corps constitués réservent, ici même, un accueil triomphal aux soldats de la 6ème D.L.B. retrouvant leur garnison, légionnaires du 2ème R.E.I. et spécialistes du 6ème R.C.S. Puis le 26 mai, un service religieux œcuménique rassemble un grand nombre de nîmois dans les pensées et les prières tournées vers les soldats et les familles de ceux frappés dans leur chair par de graves atteintes ou dans leur vie.
Il me revient, ici, de souligner s’il en est encore besoin, l’exceptionnel courant de sympathie, de solidarité qui, tout au cours de cette difficile campagne, s’est développé au niveau national comme au plan local en s’amplifiant aux heures graves de l’engagement offensif. Mille gestes apportèrent à nos soldats réconforts et soutiens: dessins d’enfants, lettres, colis, messages, aide matérielle aussi aux familles dans la garnison et manifestation à leur égard de témoignages de sympathie.
Permettez-moi, aujourd’hui, de renouveler à tous mes remerciements les plus chaleureux et notamment à M. de MICELI présent parmi nous.
C’est dans le même esprit que se développe, en 1991, l’idée de marquer, à NIMES, la pérennisation du succès de la division DAGUET. Suggéré par de nombreux nîmois, soutenu en particulier par M. HULLO, président de l’association des français à l’étranger, ce projet reçoit d’emblée l’appui de vos conseillers. Monsieur le Député-Maire, vous avez voulu agréer la proposition que j’ai formulée de retenir ce lieu pour honore de manière solennelle, la division mais aussi tous ceux qui partant de NIMES participèrent à la bataille: experts de l’établissement du matériel, individuels du 3ème RI, pilotes et spécialistes de la BAN, aviateurs et fusiliers commandos de la BA 726.
Nul autre emplacement ne me semble plus approprié. Ne sommes-nous pas ici à deux pas de la VIA DOMITIA et de la porte AUGUSTE que franchirent les légions romaines victorieuses à ACTIUM ? Le crocodile du NIL d’alors ne serait-il pas aujourd’hui issu de l’EUPHRATE ? Ne peut-on ignorer le tumulte des batailles qui marquèrent cet espace, dans les vagues d’assaut battant le château fort voisin. N’est-ce pas aussi un emplacement témoin de notre histoire militaire et de la vie de nos armées depuis que le 31 mai 1695, était décidée la construction de ces casernes, rassemblant en permanence 1274 hommes et 764 chevaux, hors les murs à l’époque.
Nous sommes maintenant au cœur de la ville de NIMES, où 8300 serviteurs de la défense de la FRANCE, militaires et civils, et leurs familles apprécient quotidiennement l’accueil qui leur est réservé comme dans l’ensemble du département d’ailleurs.
Ils sont sensibles à la considération qui leur est témoignée et que votre présence aujourd’hui, Mesdames, Messieurs, rend encore plus vive.
Monsieur le Député-Maire, acceptez nos sentiments de reconnaissance les plus ardents pour cette évocation de la division DAGUET instituée sur cette place, aux contours esquissés, sublimée demain par l’évolution architecturale de ces lieux.
Permettez-moi d’associer à ce geste nos pensées pour ceux qui, de par le monde, assument les missions difficiles confiées par la FRANCE à ses forces armées, parfois au prix de leur sacrifice.
Général de division B. JANVIER
Vendredi 26 février 1993, 15h30